Edgard Le Poulet

Le premier cri

Les mois passant,

Mes plumes

Du croupion

Prenaient volume

Et jolies courbures.

Le rouge et le noir

S’y mêlaient bien.

 

Un beau matin,

Fier de mes

Nouveaux apparats

Stendhaliens,

Surpris

De ma nouvelle

Prestance,

Tendant le cou

A la lune

Couchante,

Je poussai

Trop haut

Mon premier

Cocorico.

 

Au fait,

Il s’agissait

D’un petit cri

Qui faisait

A peu près ceci :

Muuuuuunch.

 

Aussitôt,

Me fît

Tout petit

Cherchant

Par un tour de cou

A 360 degrés

Le coq en chef,

Qui par ma hardiesse

Serait certainement vexé.

Mais rien !

 

Le pacha

Enfoui dans le foin

Blotti entre

Quatre poules

Savourait encore

Le souvenir

De sa nuit

De stupre.

 

Me reprenant,

Les plumes

En nage,

Je rentrai

Dans ma cage.

Il fût

Une demi-heure

Pour que le titulaire

Montât sur le tas

Pour pousser

Le cocorico

Qui fît échos

Et réveilla

Toute la maisonnée.

 

Je gagnais

A me faire

Plus petit

Que je ne suis.

Pour sûr,

L’ire du coq

Me serait fatale,

Me conduirait

A l’exil.

 

Un peu plus tard,

Un coquelet

A peine

Plus âgé

Que moi,

S’approcha.

Suis-moi

Dit-il

D’un ton péremptoire.

Le chef veut

Te voir.

 

Sans mot dire

Je le suivis

Sentant sous

Mon duvet

La sueur

Perler.

Que me voulait-il ?

Avait-il entendu

Mon cri enhardi ?

 

Approche petit

Me dit-il

De sa voix

Grave et suave.

Je ne te veux

Point de mal.

 

On me dit,

Enfin,

Il se dit

Que ce matin,

Une demi-heure

Avant l’heure,

Tu aurais

Poussé un cri ?

Sais-tu que

C’est interdit ?

Que seul

Un coq éprouvé

Comme moi

A ce droit ?

Mais pour qui donc

Te prends-tu ?

Une telle

Effronterie,

Vaut bien

Un châtiment 

Pour t’apprendre

Qui commande

Vraiment !

 

Mais je suis d’humeur

Clémente.

Un simple acte

De contrition me suffira

Pour cette fois.

Regardant

Mes frêles pattes

Tortillant la droite

Sur mon premier

Doigt,

Je murmurai

Dans mon patois

Que je ne le ferais plus,

Baissant la tête

Sous le genou.

 

Content de

Ma soumission,

Il partît

D’un grand éclat

De rire.

Tu me rappelles

Moi, à ton âge !

Et m’enveloppant

De son aile gauche

Il m’emmena

Au fond

Du poulailler.

Là où il m’était

Interdit

D’aller.

 

Vois-tu

Ces poules

Jeune freluquet ?

Elles sont toutes

Mes dévouées

Et servantes

Chaque fois que bon

Me semble !

Quand tu en auras

Autant que moi

D’aussi belles et

Biens pleines,

Tu pourras

Rivaliser

Mais avant cela

Tu dois

M’obéir

A l’ergot

Et à l’œil.

 

J’appris

La leçon :

Un coquelet

N’est point coq

Et avoir

De l’ambition

Ne prive pas

De prendre

Patience

Et conseils.

 



26/03/2012
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